La Bergerie Céramiques

Disparition de Maurice Boiron





 

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Le 17 Décembre 2014 est mort Maurice Boiron, qui représentait l'âme du Vallauris du bon vieux temps.

Maurice se voulait potier-poète, et c'était sûrement le personnage le plus haut en couleurs de la ville, après la disparition des grands caractères tels les Collet, Capron, Derval, Thiry...

Il n'avait pas eu une vie facile, toujours à se bagarrer pour boucler les fins de mois et faire vivre sa famille. Et il faut dire qu'il n'a pas été tellement aidé par beaucoup de ses "confrères", qui n'ont jamais manqué une occasion de le dénigrer. A propos du triste "Syndicat des Potiers", il m'avait dit un jour qu'on l'y considérait comme un "demi-potier". Je ne sais ce que cette sottise signifiait exactement, sinon une marque de mépris et, probablement, de jalousie, car c'était un véritable artiste, très créatif et aussi très technique.

Il y a quelques années, j'avais eu l'occasion d'assurer Maurice Boiron de mon admiration (c'est le terme que j'avais employé) pour une mauvaise passe dont il s'était courageusement tiré. Et à Vallauris, dans ce petit milieu de la poterie, il n'y avait pas que des esprits bienveillants, mais aussi pas mal de bons camarades prêts à vous appuyer sur la tête pour finir de vous enfoncer.

Maurice Boiron était en quelque sorte devenu, sinon le symbole de la ville, au moins son porte étendard : il était souvent appelé par la ville pour animer des stands, notamment au Salon du Tourisme à Paris.

L'été, il descendait son tour "Shimpo" sur la promenade du port de Golfe-Juan, et le soir, il tournait des centaines de "taraïettes" pour les touristes, qui repartaient en tenant leur trésor comme un saint-sacrement, posé sur un sous-bock en carton.

Il animait aussi les fêtes traditionnelles de l'été, installé dans l'avenue principale, et c'était toujours un attroupement considérable pour le contempler tourner. Que n'ai-je entendu de critiques, alors que cette attraction passionnait la foule! L'un affirmait que, une fois chargé de son fragile trésor, le touriste n'avait plus les mains libres pour acheter: l'autre, que cela donnait une fausse idée de la difficulté de fabrication des objets...En attendant, cette activité faisait la joie des assistants, et mes filles ne manquaient pas de ramener à la maison quantité de ces objets, qui séchaient sur une étagère qui leur était consacrée...

Ces démonstrations de tournage, Maurice Boiron les produisait dans toute la France, et c'était une formidable publicité pour la ville.

A ce propos, alors que l'un des bureaux de la société que j'avais créée à Paris se trouvait au cinquième sous-sol sous la galerie commerciale Gaîté-Montparnasse, j'avais , un jour de 1995, pris l'ascenseur pour me rendre dans la galerie. En sortant, je tombe nez-à-nez avec Maurice Boiron, qui avait installé son matériel dans l'allée, et effectuait ses démonstrations de tournage, toujours devant une foule ébahie par la magie de la création. Je n'en croyais pas mes yeux : feignant l'indignation, je tombe sur Maurice Boiron : "Quoi! Ce Vallaurien vient me poursuivre jusqu'ici!!". Je me souviens de son étonnement...Je l'ai alors arraché à son tournage, il s'est nettoyé les mains, et je l'ai emmené dans l'ascenseur, à trois mètres de là, afin de lui faire visiter les installations de l'antenne montparnassienne de ma société: 3000m² de voitures de collection et de prestige. Devant son ébahissement, je n'ai pas pu m'empêcher de lui déclarer : "Ah, pour une fois, c'est moi qui t'étonne!", tant il est vrai que, comme tout le monde, j'ai toujours été fasciné par le travail des potiers.

Plus tard, nous avons souvent évoqué cet épisode, fruit d'un hasard extraordinaire.

Depuis quelques temps, Maurice Boiron n'allait plus très bien, et je ne le rencontrais plus qu'à de rares occasions. Il était moins disert qu'autrefois, il me parlait de ses ennuis de santé. cela faisait d'ailleurs bien longtemps que je ne l'avais plus vu.

J'espère que Nice-Matin, qui a dans le passé utilisé sa photo un nombre considérable de fois afin d'illustrer des articles sur Vallauris, lui consacrera bientôt un article conséquent. C'est vraiment une des grandes figures de notre petite ville qui vient de disparaître, et il en mérite un hommage, ne serait-ce que pour toute la publicité qu'il a pu lui faire pendant tant d'années.

 

 

 

N.B. 14 Janvier 2015 : J'ai insisté auprès de Nice-Matin pour qu'un hommage lui soit rendu dans ce journal; j'ai reçu l'assurance que quelqu'un allait s'en occuper.

 

 

 

 Add. : 15 Janvier 2015 : Nice-Matin a publié l'article suivant:

 

 

 

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07/01/2015
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