La Bergerie Céramiques

Jean Derval


Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés

                        (Rutebeuf)



 

Les mois se suivent et se ressemblent...

Ce site va-t-il se borner à n'être que la sinistre chronique nécrologique de la mort annoncée d'un passé qui s'en va morceau par morceau?

C'est Jean Derval qui est parti. Peut-on parler de surprise? Certes, non, il était âgé, et n'allait plus très bien...Mais à s'habituer à voir les gens "pas très bien", on finit par les croire immortels…

Et, après tout, peut-être a-t-on raison...Car comment oublier la silhouette de Jean Derval, se promenant dans les rues de sa ville, de sa vieille ville? Son humour, un peu pince sans rire (lui aussi…Il faut avoir de l'humour pour vivre de la céramique…), les yeux toujours ronds ouverts, derrière les culs-de-bouteille qui lui servaient de lunettes, depuis qu'il avait une si mauvaise vue?

Chaque fois que je repense à lui, le même pincement, et le même réflexe : « Ah ! je vais aller voir Collet et Thiry pour parler de lui, ils ont tant de souvenirs en commun ». Mais voilà, ça ne marche pas, eux aussi sont partis…

Les uns ne verront que l'oeuvre, qui est immense, et qui n'a pas fini de faire parler d'elle, et mon intention n'est pas ici d'en faire le panégyrique, l'historique , ni l'inventaire. Certains, mieux qualifiés, s'y attelleront avec succès, d'autant que rien n'est plus facile à un artiste pour acquérir la reconnaissance, que de mourir.

La gloire et la reconnaissance, Jean Derval, qui avait été l'un des précepteurs de Picasso en céramique, les avait en principe acquises, mais nul n'est prophète...

Et je ne suis pas sûr que, dans sa ville même de Vallauris, on ait bien compris à qui on avait affaire, ni les conséquences qu'il eût fallu en tirer. Quand il était temps encore.

Jean Derval est l'un des artistes français majeurs du XXème siècle; bien sûr, son domaine était la céramique, seulement la céramique, qui elle-même n'est pas considérée comme un art majeur, mais cette erreur d'appréciation des autres, ne le diminue pas.  L'art de Derval, c'était la rencontre de la technique dans le sens technologie, du dessin, du calcul, avec le spontané,  et aussi, souvent, l'hommage de la créature au Créateur. En toute simplicité, Jean Derval dialoguait avec le Ciel et avec les anges…

Depuis longtemps, nous devions nous revoir, Jean Derval avait retrouvé des photos de Jacques Sagan (pardon, Jaque) qu'il voulait me montrer, tout comme je devais revoir Albert Thiry qui voulait me parler de Picasso et de Ramié et de certaines légendes auxquelles il fallait tordre le cou, comme je devais retrouver Roger Collet qui allait me livrer des précisions sur Innocenti…Et bien, il va falloir s'en passer…

 



30/03/2010
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