La succession de Jean Marais
On pensera ce que l'on voudra de l'intérêt artistique de l'oeuvre céramique de Jean Marais. Pour certains, ce n'est que du Cocteau revisité, pour d'autres, du kitsch raté, d'autres encore adorent, etc. Du reste, cette diversité d'opinion s'applique à n'importe quel artiste contemporain, à commencer par Picasso, et il faut remonter à la grotte Chauvet pour qu'un artiste fasse l'unanimité.
Par conséquent, nous n'envisagerons ici que l'intérêt immédiat et futur pour la ville de Vallauris de sauvegarder le souvenir de Jean Marais.
Il y a, en gros, trois personnages d'envergure qui ont marqué Vallauris : Napoléon, Picasso et Jean Marais.
Pour une ville qui prétend tirer son activité, et donc ses revenus, de la fréquentation touristique, il n'est pas malvenu d'exploiter le souvenir de ces trois-là.
Or, trois fois hélas, nos élus semblent s'attacher à saccager cet héritage, qui, d'ailleurs, ne leur appartient pas.
Cela commence avec Napoléon, dont on a supprimé sine die la commémoration du débarquement de 1815.
Cela continue avec Picasso, dont, certes, on nous rebat les oreilles, mais pour qui jamais la moindre exposition ou rétrospective n'est organisée.
Quant à Jean Marais, c'est un massacre à la tronçonneuse.
Après avoir fermé son musée, sans tenter de négocier un arrangement ou un achat auprès des héritiers possesseurs des oeuvres, la municipalité vient de laisser passer l'occasion de racheter un grand nombre de pièces, dispersées pour un prix dérisoire dans une vente aux enchères. Pas un objet n'a été acquis.
Il a fallu qu'une association de création récente se dévoue pour acheter cinq oeuvres, afin de les sauver de la dispersion, association à qui les héritiers de Jean Marais viennent de faire un don supplémentaire.
Le désintérêt absolu de la municipalité pour tout ce qui est culturel, qu'il s'agisse du patrimoine architectural ancien ou de la céramique, est abyssal.
Jean Marais était une personnalité attachante, appréciée de tous, et son souvenir en tant qu'acteur reste vivace et bénéficie d'une connotation très positive ; il est vraiment dommage que, par inculture, incurie et incompétence, on ait laissé cet héritage s'évaporer.