La Bergerie Céramiques

A Vallauris, on détruit les livres

Envoyée mercredi 17 octobre 2012 à 00:00:00

 

 

 

Lettre d'information n°87

 

 

"On ne jette pas un livre, on ne le brûle pas, on ne l'abîme pas, on en prend soin, on le range, on en est fier" (Bernard Pivot)

 

Aujourd'hui, 17 Octobre 2012, plusieurs milliers de livres d'art ont été mis à la benne (trois énormes bennes pleines à déborder) par les soins attentifs de la galerie Sassi-Milici, à Vallauris. Des affiches d'art anciennes, également.

 

Le président de l'association des amis du Musée de Vallauris, Jean-Michel Ambrogio, devant ce désastre, a demandé l'autorisation de sauver quelques exemplaires. Autorisation vertement refusée. Les bennes, déposées dans la rue (sur des places de stationnement normalement payantes, soit dit en passant...), étaient remplies, puis enlevées en vitesse.

 

Mais ce n'est pas tout. Afin que personne ne puisse profiter des livres ainsi jetés, "on" avait pris soin d'en passer la tranche à la disqueuse. Il faut tout de même une dose de vice assez considérable pour agir ainsi; en outre, je ne suis pas persuadé que cette masse énorme de papier ait été destinée à un quelconque recyclage : ça, ce sont des préoccupations de citoyen ordinaire. Tout a été fichu en vrac à la déchetterie.

 

Les auteurs de ce massacre n'en sont pas à leur coup d'essai : M. Dominique Sassi, l'un des gérants de l'affaire, alors adjoint à la culture (il sait lire et écrire, ce qui justifie cette promotion) n'avait rien trouvé de mieux, voici quelques années, que de faire jeter la totalité des livres d'art de la boutique du musée, ainsi que les stocks, parmi lesquels un rare livre sur Vallauris, dont Picasso avait réalisé la couverture. Ces livres, neufs, ont été mis par centaines aux ordures ; M. Sassi, interpellé à ce sujet, avait prétendu qu'ils étaient "moisis". Ces livres étaient de fait en parfait état.

 

Ne vaudrait-il pas mieux distribuer les livres d'art que l'on ne veut plus, aux enfants des écoles, aux passants, aux visiteurs de l'office de tourisme, à qui sais-je? Et pousser la sotte méchanceté jusqu'à les détériorer, n'est-ce pas là le comble de la bêtise?

 

 

                                                                                                                                                           

 

          Certains, à Vallauris, ont su opportunément se greffer sur le mythe Picasso et en extraire une manne financière depuis des décennies ; ne pourraient-ils en avoir un peu de reconnaissance, au lieu de ne songer qu'à détruire? Ne seraient-ils pas restés d'obscurs tourneurs s'ils n'avaient eu l'occasion de profiter de l'aubaine?

 

 

 

Comme le rappelle finement M. Sassi dans la préface du livre détruit par centaines d'exemplaires, "Pablo Picasso Céramiques":

"Le petit âne tirant une charette remplie des trésors du feu s'en est allé (...)"

 

Les gros ânes, eux, sont restés.

 


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